On s'habitue à tout
Commencer par la violence ?
Bon, avouons-le, tout le monde l'attend quand on parle des Grésilles. Alors, même si c'est un peu facile, parlons-en.
Samedi après-midi, vers 17 heures, en revenant de faire des courses, une grosse colonne de fumée noire, au-dessus de la barre d'immeubles que l'on voit de la rocade. Deux voitures brûlaient avenue Champollion.
Au même moment, à la radio, j'entendais le communiqué déclarant que la situation dans le pays était revenue à la normale : il n'y avait eu que cent voitures brûlées en France la nuit précédente. Cent voitures par nuit, ca fait plus de trente-cinq mille par an. On se fait à tout, apparemment.
C'est bien ça le problème ; on a fini par s'habituer à ce qui n'est tout de même pas normal. Des poubelles qui brûlent dans une cage d'escalier, c'est devenu, dans certains immeubles, tellement habituel. Une voiture qui brûle de temps en temps, on s'y habitue aussi. Du moment que les gens ne brûlent pas ! Une cabine téléphonique en miettes, un abribus en morceaux, une devanture de magasin défoncée, autant de petites choses qu'on remarque à peine le matin quand on va acheter sa baguette de pain. Mais c'est vrai qu'on s'est habitué aussi à beaucoup d'autres choses qui semblaient anormales quand elles sont apparues dans notre quotidien : les gens qui ne vivent que grâce aux allocs, les familles qui partent en javelle, les fenêtres qui se ferment de plus en plus tôt dans la journée parce qu'on n'a pas trop envie de voir ce qui se passe dehors.
Le problème, c'est que justement, la violence, c'est ceux d'ici qui la supportent, en plus de tout le reste. Et que ça fait encore plus mal.
Ici, donc, on s'est habitué à tout cela. On va s'habituer aussi à une ou deux explosions de violence de temps en temps, dans une banlieue ou dans une autre. Vous allez voir, on s'y fait très bien.
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