samedi 24 décembre 2005

Naissance

Ce soir c'est Noël.
Je ne fais pas partie des esprits chagrins qui pensent que la fête est triste et qui se choquent de la joie qui envahit les familles, les villes et les villages. C'est normal de se réjouir. Un enfant qui naît, c'est toujours la fête.
Mais je ne peux pas m'empêcher de penser que la joie n'est pas partagée par tous.
Il arrive que de futurs parents viennent me confier leur inquiétude ; ils vont avoir un enfant, mais tous ceux à qui ils l'ont annoncé ne se réjouissent pas avec eux : ils ont passé la quarantaine, ils en ont déjà trois, ils prennent un risque en faisant des enfants dans un monde incertain. Des médecins leur ont si fortement conseillé de se lancer dans des examens poussés qu'ils se demandent si l'enfant va être normal, s'ils pourront vraiment faire face.
Parfois, l'inquiétude est justifiée, comme pour les parents de Pauline qui, à quatre mois, est atteinte d'une maladie grave et doit subir des traitements lourds.
Les parents de Jésus, eux aussi, ont connu cette situation. Ils ne savent pas où aller alors que le temps est proche. Ils apprennent que le roi veut tuer leur petit. Ils partagent la détresse de ces parents dont les enfants sont à l'hôpital, de ces mères qui n'ont pas de quoi nourrir leurs petits, ici et ailleurs.
Comment, alors, se réjouir ? Quel peut être le sens de Noël pour tous ceux qui vivent cette angoisse ?
L'Evangile n'est pas un livre d'images pieuses. Il nous rejoint au coeur de notre humanité et de ses contradictions. Il nous rappelle que toute naissance comporte des risques : on ne peut savoir de quoi demain sera fait, on ne peut savoir ce que sera cette vie qui commence. Donner la vie, c'est accepter de lâcher prise. Les parents de Jésus le savent bien, comme tous les parents du monde.
Cela n'empêche pas les anges de chanter la gloire de Dieu et les bergers de s'attrouper. Car si la venue au monde comporte des risques, elle est aussi un formidable acte d'espérance dans l'avenir.

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