mardi 2 septembre 2008

L'abbé François est un des prêtres africains qui réussissent à traverser la mer pour nous rejoindre pendant les mois de vacances. Il vient de passer quelques semaines dans une paroisse du Lot-et-Garonne, où il a été saisi d'une demande qui l'a passablement interloqué : les pompes funèbres lui demandaient de célébrer les funérailles d'un enfant né à 5 mois et qui n'a pas vécu. C'était déjà compliqué en soi, mais il y avait autre chose : si l'enfant était mort à la naissance, c'est que la mère avait choisi d'interrompre la grossesse.

La dame a appelé quelques temps plus tard : elle ne voyait pas, alors que le droit autorise maintenant à inscrire un enfant mort-né sur le livret de famille sans tenir compte de l'état d'avancement de la grossesse, pourquoi il n'y aurait pas d'obsèques religieuses.

Tordu, me direz-vous ? Je vois dans cette anecdote l'expression des paradoxes d'une société qui découvre, dès les tout premiers mois de la grossesse, à quel point l'enfant à naître ressemble à un enfant tout court ; et qui donne le droit à ses parents de décider s'ils lui donneront naissance ou pas. Alors : oui, c'est un enfant ? non, ce n'en est pas un ? Je crains que la réponse ne devienne, insensiblement : oui, c'est un enfant ; comme il est à moi, je peux décider moi-même de le laisser vivre. En espérant qu'elle ne sera pas : à mon avis, ce n'est pas un enfant ; à ton avis, c'en est un.

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous avez raison sur votre conclusion, même si elle n'est pas très optimiste, aucune des deux hypothèses n'étant réjouissante.

Et, pour les obsèques religieuses, quelle est votre réaction personnelle ? Après tout, si l'on peut vraiment être sceptique sur la demande de la mère, l'enfant, justement, est une victime innocente.

Emmanuel Pic a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Emmanuel Pic a dit…

Euhhhhhhhhhh...
Je pense que j'aurais proposé à la maman :
1) de la rencontrer (parler de tout ça au téléphone, bof)
2) de prier avec elle et sa famille, mais après les funérailles, ou alors de l'accompagner au cimetière (à vrai dire, j'ai déjà été confronté à ce genre de demande, mais jamais avec une insistance si forte de la part de la mère pour des obsèques religieuses)
3) de réfléchir avec elle, dans la mesure du possible, à la contradiction dont elle ne semble pas consciente.
Mais tout cela est facile à dire.

Je suis personnellement assez dubitatif sur la possibilité donnée aux parents d'inscrire l'enfant sur le livret de famille, de lui donner un prénom...

Anonyme a dit…

ah ça , on voit bien que vous n'avez jamais été enceinte...(pardis !!!)
A 5 mois de grossesse, vous avez déjà éprouvé assez de galères (nausées & cie) pour comprendre que votre enfant est plus qu'un projet. Les proches sont souvent déjà au courant et il ne me parait pas impossible qu'on ai déjà choisi un prénom (quite à en changer le jour j!)...alors qu'il figure sur le livret de famille , c'est cohérent et ça aide sans doute à faire le deuil...ma soeur a fait une fausse couche à 4 mois 1/2, avant les 5 mois fatidiques...elle a du "accoucher" quand même et le "projet " est parti à la poubelle sans qu'elle ne puisse y redire quoique ce soit...c'est un peu rude.
Evidemment , il faut bien fixer un délai quelque part et il n'y a certainement pas de solution parfaite...En même temps l'inscription sur le le livret de famille, au même titre que la déclaration pré-natale de parentalité me semblent aller dans le "bon sens"...à savoir déclarer que l'enfant "existe" dès sa conception...

Emmanuel Pic a dit…

Faut-il avoir été "enceinte" pour avoir une opinion sur ce sujet ?

Anonyme a dit…

Pour moi, la passibilité d'inscrire un enfant mort-né sans tenir compte de l'état d'avancement de la grossesse est un progrès, tant est grande la souffrance de perdre cet enfant qui est déjà aimé. La souffrance est pire encore lorsque l'enfant est réduit à l'état de "projet" et part avec les déchets. On l'a aimé et il n'est en rien reconnu.

Cela dit ce cas montre bien les contradictions de la législation qui permet d'interrompre une grossesse mais reconnaît que le foetus est un être aimé et une personne puisqu'on peut lui donner un prénom.

Quand donc les législateurs iront-ils jusqu'au bout de leur raisonnement?

Comment faire progresser nos proches dans la réflexion et les amener à comprendre que tout ce qui est "légal" n'est pas forcément "bon"?

Anonyme a dit…

Alix, je crois comprendre le commentaire du père Pic auquel vous réagissez ainsi: comment donner aux parents la possibilité d'inscrire sur le livret de famille, en lui donnant un prénom, un enfant dont ils ont décidé l'interruption du développement par l'interruption de grossesse? A ce terme, c'est sans doute à cause d'un handicap de l'enfant ou d'une maladie de la mère et ce n'est pas à nous de juger les parents, loin de là, leur demande de funérailles religieuses en dit assez sur leur souffrance, mais la contradiction reste flagrante...

Anonyme a dit…

eh!bien voilà toute l'embicuité que soulève cet exemple tordu mais réel. Cette maman décide de ne pas garder cet enfant en demande une intérruption de grossesse condamnée par l'Eglise et demande des obsèques réligieuses pour cet "enfant" qu'elle a décidé de "détruire" et réalise que cette conception avait quelque chose à voir avec Dieu malgré tout et puisque la société civile dit maintenant que l'on peut inscrire dans le livret de famille les grossesses inachevées involontaires ou volontaires (je ne sais pas)alors oui que doit faire l'Eglise face a une telle demande ?

Anonyme a dit…

C'est la première fois que je passe par ici. Je suis généralement d'humeur assez athée voire athéiste (si vous voulez bien me passer l'expression) et c'est pas prés de s'arranger… Donc si j'ai bien suivi, cette mère, d'après vous et l'église, est une meurtrière et l'enfant est sa victime. Et donc, vu que c'est la meurtrière qui demande des obsèques religieuses pour sa victime… c'est pas possible, il y a contradiction selon vous même et vos commentateurs. Ah bon ? Quelle contradiction ? Une contradiction entre le fait que l'église reconnaisse à la victime le statut d'être humain mais lui refuse les sacrements aux autres accordés ? Le refus de la compassion pour cette femme qui m'a bien l'air d'avoir été secouée, émotionnellement et spirituellement (ainsi que je le suppose physiquement, j'dis ça hein, moi je suis juste père de famille, hein, ce que j'en sais). C'est quoi votre job ? Prêtre pour "non-pécheurs", vous devriez essayer avocat pour innocents, ou médecin pour bien portant… Le pasteur qui expulse les brebis qui ont vu le loup, il est dans quelle catégorie : bon, mauvais ?
Tout ceci me semble bien ressembler à une stratégie d'asservissement et de domination mentale digne d'une secte.
Si cette "mère" revient vers vous, elle aura été préalablement laminée, assouplie-comme la viande-, niée… et j'aurai des doutes sur la qualité de son libre arbitre. Ainsi que sur le votre : "ah ben oui mais j'peux pas, c'est pas dans la ligne du parti".
Encore bravo.

I'll be back.

Alx de casa

Anonyme a dit…

@Alx de casa
Effectivement, vous semblez athéiste très convaincu ! Car, à vous lire, le message d'origine est la condamnation d'une mère pécheresse. Or (je l'ai relu au cas où je n'aurais pas compris), il me semble que le centre du billet du père Pic, est la réflexion sur la contradiction entre la possibilité offerte aujourd'hui par la loi de faire exister l'embryon en tant que personne et celle ne pas le considérer comme tel par l'acte d'avortement (en effet, sinon cela deviendrait le droit au meurtre dans certain cas).
Votre réponse, dogmatique et diabolisatrice, ne fait, je pense, pas avancer le débat. Ceci étant dit, peut-être faites-vous partie de la secte des bouffeurs de curés pour qui l'Église est restée à l'heure de l'inquisition.

I hope really you'll be back :-)

Concernant l'article, je pense qu'il va en falloir des discussions et de la réflexion pour définir un statut cohérent de l'embryon vu la multitude d'aspects qu'a le sujet.

Emmanuel Pic a dit…

@alx de casa et jaco :

voila, jaco m'ôte les mots de la bouche, enfin du clavier.

Alx : je ne vais ni vous raconter ma vie, ni encore moins raconter celle des gens que je rencontre, mais j'ai déjà été confronté à de telles situations. Le drame dans lequel sont alors plongés les parents révèle justement la contradiction dans laquelle ils sont. J'ai essayé de faire preuve d'humanité et de respect, c'est-à-dire de prendre au sérieux ce drame et pas de faire comme si de rien n'était, ou de leur asséner des vérités que vous avez évidemment lues dans mon billet puisque de toute façon, quoique je dise ou que j'écrive, je ne serai jamais à vos yeux qu'un crétin de prêtre.

Jaco : "cela deviendrait le droit au meurtre dans certain cas" ; il n'y a pas de droit à l'avortement, mais une dépénalisation de ce qui est toujours considéré comme un crime, mais que la loi renonce à poursuivre.

Anonyme a dit…

Et voilà, i'm back, tel terminator.

Alors d'abord, je ne suis pas spécialement bouffeur de curé, et, pour ma part, préciser mon athéisme, c'était simplement histoire de planter un certain cadre en guise de décor -dans l'intérêt de la raison, comme disait Van Vogt-, ça me semblait honnète. Si je ne me pense pas si bouffeur de curé que ça, c'est que mon athéisme n'est pas prosélyte. Je laisse les autres penser ce qu'ils pensent du moment qu'ils me laissent penser ce que je pense. Ce qui n'est pas toujours facile en ces temps ou, légalement une certaine censure peut trouver à s'exercer au cas où je "heurterai le sentiment religieux" de quelqu'un.
Petit B, je n'ai de la même manière, jamais traité personne de "crétin de curé", les facultés intellectuelles n'ayant rien a voir la dedans. Et pour avoir été chez les jèzs, des curés en pleine possession de leurs moyens, j'en ai vu, sans compter ceux de la famille.
Maintenant, pour éviter de détourner votre propos, je vais le citer : "La dame a appelé quelques temps plus tard : "elle ne voyait pas, alors que le droit autorise maintenant à inscrire un enfant mort-né sur le livret de famille sans tenir compte de l'état d'avancement de la grossesse, pourquoi il n'y aurait pas d'obsèques religieuses."

Et bien, moi non plus, et pour les raisons que je vous ai expliqué dans mon billet. Si vous vouliez bien éclairer ma lanterne… peut-être que je pourrais y trouver une morale, ou un concept philosophique acceptable. Même si je n'y adhère pas. Ce n'est pas parce que je ne suis pas d'accord avec mes interlocuteurs que je les méprise.
Par exemple : "il n'y a pas de droit à l'avortement, mais une dépénalisation de ce qui est toujours considéré comme un crime, mais que la loi renonce à poursuivre" est un concept compréhensible et explicable sans que vous soyez d'accord avec.
Maintenant, je me suis peut-être livré a un petit débordement, des obsèques religieuses n'étant ptét'pas un sacrement.
Petit etc, j'ai écrit plus haut : "Et donc, vu que c'est la meurtrière qui demande des obsèques religieuses pour sa victime… c'est pas possible."
C'est pas ça ? C'est pour un autre motif ? Vous voyez, quand j'ai pas compris, je demande. Mais là tout de suite, comme réponse, ça ressemble un peu à de l'invective…
Bon, allez, moi non plus je vais pas vous raconter ma vie.
Mais je reviendrai, mon truc, c'est aussi le dialogue. Alx de Casa

Anonyme a dit…

petite précision, de taille... car le débat montre qu'il y a quelques petits problèmes de compréhension du cadre juridique actuel!

1- la possibilité d'inscrire un enfant mort né sur les registres de décès et sur le livret de famille n'en fait pas une personne... il n'entre pas dans cette catégorie, ce n'est encore et toujours, en l'état actuel des textes qu'une chose protégée, hors le commerce juridique, au même titre qu'un tableau dans un musée ou un animal en voie de disparition...

2- l'inscription sur le registre des décès et le livret de famille n'est possible qu'en cas d'accouchement spontané ou d'interruption médicale de grossesse, mais pas en cas d'interruption spontanée de grossesse précoce (fausse couche) ou d'interruption volontaire de grossesse (arrêté du 20 aout 2008)

en application des derniers textes qui ont été adoptés cet été (décrets et arrêtés), les enfants morts nés ou nés vivants mais non viables répondant au critère d'établissement d'un acte de décès et de l'inscription sur le livret de famille sont concernés par les règles relatives à la prise en charge des enfants décédés avant la déclaration de naissance (CIRCULAIRE DHOS/DGS/DACS/DGCL n° 2001/576 du 30 novembre 2001 relative à l’enregistrement à
l'état civil et à la prise en charge des corps des enfants décédés avant la déclaration de naissance) qui impose leur inhumation ou leur crémation... sans pour autant en "faire des personnes"!... mais il est clair que les parents ne peuvent avec ces nouvelles dispositions juridiques qu'être encore plus enclins à solliciter des funérailles religieuses et marquer leur incompréhension dans un contexte mal appréhendé où en apparence la société reconnaît à leur enfant mort une qualité que l'église ne lui accorde pas...

pourtant la société comme l'église refusent la qualité de personne à l'enfant mort né ou né vivant mais non viable, avec, de la part de la société une question fondamentale qui émerge à travers la décision de pas ouvrir l'accès à l'inscription sur les registres de décès et les livrets de famille en cas d'interruption volontaire de grossesse : il semblerait que c'est le désir d'avoir un enfant contrarié par la nature (annonce d'un diagnostic de handicap ou fin de grossesse accidentelle), le projet d'enfant non abouti qui conditionne la réponse de la société...

si la question de la personnalité juridique de l'enfant avant la naissance, né vivant mais non viable ou mort né doit un jour être posée, j'espère qu'elle ne le sera pas sous cet angle car une des richesses de notre droit est de considérer que l'on n'est pas une personne parce qu'on répond aux désirs ou aux critères des autres mais simplement parce qu'on est un être humain,... né vivant et viable pour l'heure.

Anonyme a dit…

Et ben voilà,un être humain n'est pas forcément une personne, et l'inscription au registre des décés ne concerne pas les IVG.

Comme quoi, on finit par avoir des informations claires, suffit d'avoir les bons interlocuteurs…
Ça m'empéchera pas de penser que faire le distinguo entre un être humain et une personne, et ne pas le faire entre une IVG et une IMG est un concept spécialement discutable de la part de l'Église (vous avez vu, j'ai pas dit imbécile). Envers et contre tout, il faut garder l'enfant !

Aux risque de pouvoir assister aux obsèques religieuses de la mère.

Quand je pense que je me fait traiter de dogmatique diabolisant ! parole d'expert !

Alx de casa

Emmanuel Pic a dit…

Précisions dans les précisions...

- La contribution de Catherine ne concerne pas la position de l'Église catholique, mais celle du droit français. "Personne" en droit et "personne" dans la tradition chrétienne n'ont pas le même sens. En droit, une personne n'est pas nécessairement un être vivant : il y a des personnes morales. Dans la tradition chrétienne, "personne" ne signifie pas seulement "sujet de droits" ; il n'y a d'ailleurs aucune définition théologique de la "personne", mais plutôt des critères comme l'autonomie, la capacité d'être en relations avec Dieu et les autres... Ce qui fait que, par exemple, les documents romains ne parlent pas d'une "personne" à propos de l'embryon, mais d'une "personne humaine en puissance", qui a droit à "autant de respect qu'une personne humaine".

- On distingue donc, en effet, entre un être humain (un être vivant qui appartient à l'espèce humaine), et une personne humaine. Le fait d'être né viable est sans conteste un élément important de la "personnalité" de quelqu'un. Mais il n'y a pas de refus de reconnaître à l'embryon la qualité de personne : plutôt de la prudence, qui fait que par exemple on ne saurait considérer un avortement comme un infanticide.

- Pour ce qui est des obsèques religieuses : il ne s'agit en effet pas d'un sacrement, les sacrements étant destinés aux vivants. Le rituel des obsèques religieuses reprend le rituel du baptême, car la personne pour laquelle on prie était baptisée. Il n'y a pas de refus, mais la recherche d'une certaine cohérence. Cela n'empêche nullement de prier avec les familles, ce qu'il m'est arrivé de faire, après un accompagnement respectueux des parents.

- Enfin, je maintiens qu'il est contradictoire de donner la mort et ensuite de demander la prière de l'Église comme si de rien n'était. Un accompagnement respectueux de la personne passe, à mon avis, par la prise de conscience de l'acte qu'elle a posé, dans sa gravité. Et donc, par une demande de pardon adressée à Dieu. Demander à Dieu le salut est une attitude fondamentale de la vie chrétienne.

Anonyme a dit…

{les documents romains ne parlent pas d'une "personne" à propos de l'embryon, mais d'une "personne humaine en puissance", qui a droit à "autant de respect qu'une personne humaine".}

>

Au risque de dévier légèrement le débat, le "en puissance" marque la potentialité et non l'inélucatbilité. Hors le respect n'exige-t-il pas la connaissance ? Et la connaissance ne se base-t-elle pas sur ce qui existe (ou a existé) ?

Comment accorder la même attention à ce qui n'est pas (ne serait-ce que pas encore) ? A part par projection ? (à moins de considérer qu'il y ait une prédestination, mais là je ne crois pas que celà fasse partie du dogme catholique... au contraire même, mais je peux me tromper).

Je trouve donc cette position ambiguë.


Par ailleurs, la "personne" est forcément liée à la conscience d'être non ? Et biologiquement parlant, cette conscience est liée à la présence d'un système nerveux central efficient, ce qui n'est pas le cas de l'embryon, et d'n certain temps du stade foetal.


Enfin, est-ce que la société et l'Eglise doivent prendre en charge le deuil des projections parentales ? Est-ce que celà doit passer par les mêmes mécanismes que celle des deuils de personnes (cf. inscription sur le livret de famille, cérémonie religieuse...) ou doit-il se faire par d'autres moyens ? Je ne pense pas que ce soit le rôle du livret de famille mais en ce qui concerne l'Eglise, je ne sais pas...


Cette femme est contradictoire, si elle a avorté c'est qu'elle ne faisait pas de projection sur la potentialité de la personne du foetus qu'elle portait. Alors pourquoi demander un accompagnement religieux ? Est-ce qu'elle ne voit dans la pratique religieuse qu'un système de rites ?

Anonyme a dit…

pour "the masked one"

heureuseent que pour la société, et donc le droit, la qualité de personne n'est pas liée à la "conscience d'être".......
regardez autour de vous, vous pourrez voir de nombreux êtres humains auxquels notre société accorde la qualité de personne alors qu'ils n'ont pas la conscience d'être... et considérez l'histoire, vous constaterez rapidement sur quelles horreurs ce critère a pu déboucher, simplement parce que certains êtres humains (handicapés mentaux et/ou physiques, etc...) n'étaient pas regardés par les autres comme "des êtres humains équivalents à d'autres êtres humains", comme des "personnes".

restons donc sur la qualité d'être humain comme seul critère d'attribution de la personnalité! et évitons de recréer des critères qui ont disparu de notre société avec la fin de l'esclavage et des législations discriminatoires concernant les juifs, les homosexuels, et bien d'autres encore

Anonyme a dit…

"Enfin, je maintiens qu'il est contradictoire de donner la mort et ensuite de demander la prière de l'Église comme si de rien n'était. "

Dans mes souvenirs de chrétien je dirais qu'aucun chrétien évritable de peut demander une prière comme si de rien n'était.
Cette femme doit simplement être traitée comme jésus l'aurait traité : avec force, avec doute et avec compassion.
L'église ne doit-elle pas traiter chaque cas comme un cas particulier et non pas pour en tirer une règle universelle.

Mes souvenirs de chrétien sont-ils erronés?

Anonyme a dit…

en réponse à Catherine.

Le problème du concept d'être humain, c'est que c'est une notion d'espèce donc un problème génétique : est un être humain tout individu qui porte un génome d'humain et ça coince au niveau du statut de l'embryon et du phoetus.

Mais peut-être que je maîtrise mal le concept de conscience de soi. Je faisais référence à l'expérience empirique de former un individu, la perception de son entité. La faculté de distinguer soi-même du reste. Le c'est moi/ce n'est pas moi. Il me semblait même que le problème de cette définition était qu'elle s'étendait bien au-delà de l'espèce humaine et incorporait une grande partie des animaux.

Anonyme a dit…

Mort né à 5 mois : la mort naturel est possible en cas de défaut de fabrication anatomo fonctionnelle, ou de mort lié à une naissance beaucoup trop précoce. Il n'est pas mentionné dans l'article qu'il s'agit d'une IVG. Si ce n'est pas une IVG, je pense que le service religieux peut être rendu.
Cependant le statut de l'embryon est difficile à statuer : c'est un vrai casse pipe (cf commentaires précédents).

Anonyme a dit…

Ce débat, que je découvre grâce à Alx de casa qui l'a mentionné sur un autre blog, pas précisément tendre envers le fait religieux, celui des correcteurs du Monde.fr, me rappelle deux choses, l'une personnelle et l'autre moins, m'en suggère une autre, et m'en inspire une quatrième.

La première, personnelle, c'est le souvenir de la naissance de mon premier fils - et du papier rose (sa première "fiche individuelle d'état-civil", je crois que ça n'existe plus maintenant) qu'on m'a délivré à la mairie quand je l'ai déclaré. Je sentais bien que c'était un sentiment un peu con, mais ce papier rose-là, je l'ai lu, relu, plié et replié plus chèrement que n'importe quelle lettre d'amour : c'était vrai, vraiment vrai, j'avais un fils, il existait, la preuve, c'est qu'il était dans le Grand Registre. Or ce fils-là, pour des raisons compliquées, on ne l'a baptisé que tardivement, en même temps que mon deuxième-né, en fait. Eh bien voyez-vous, tandis que le temps passait, petit à petit, le papier rose perdait de sa force - mon fils, d'une certaine façon, n'était pas tout à fait encore là, il lui manquait encore "quelque chose" pour exister, une autre reconnaissance, une autre inscription dans un autre Grand Registre. J'ai compris, tout au long de ces mois d'attente, pourquoi certains parents demandent l'ondoiement immédiat d'un petit qui passera dans l'heure qui suit son inaudible premier cri. Et je comprends, du même coup, ce désir de "funérailles religieuses" pour un enfant parti avant même d'être "fini" - pour quelque raison que ce soit.

Mon deuxième souvenir est un roman de Vercors, "Les Animaux dénaturés", que j'avais évoqué, justement sur LSP, le blog des correcteurs du Monde.fr, il y a plus de deux ans (je me cite) : " la naissance (obtenue par insémination artificielle) d'une petite créature mi-singe, mi-homme, et l’ “infanticide” commis par son géniteur va faire en sorte que (à partir de là je cite) “l’humanité soit enfin obligée de se définir une bonne fois elle-même. De se définir sans équivoque, d’une façon irrécusable et formelle. De telle manière que ses droits et devoirs envers ses membres cessent d’être fondés confusément sur quelques traditions discutables, des sentiments transitoires, des commandements religieux ou des obligations sectaires, qu’on peut à chaque instant attaquer ou contredire ; mais qu’ils le soient solidement sur la claire notion de ce qui, en vérité, distingue spécifiquement les hommes du reste de la création.
“S’ils possèdent une âme, il faudra dire à quels signes s’en reconnaît la possession ou l’absence.
“Si c’est qu’ils vivent en société, il faudra dire quels signes distinguent foncièrement les sociétés primitives des sociétés animales.
“Si c’est autre chose encore, il faudra préciser quoi.”

La troisème chose, en écho à la remarque très pertinente du maître de ces lieux, qui rappelle que "personne" en droit ce n'est pas la même chose que "personne" dans la tradition chrétienne, c'est que la question de l' "enregistrement" d'un enfant mort-né, ou décédé immédiatement après sa naissance a essentiellement des conséquences juridiques (en termes de succession, par exemple : imaginez un accouchement dramatique où la mère et l'enfant y restent. Si l'enfant est considéré comme "ayant existé", les conséquences ne seront pas du tout les mêmes pour le père ou la fratrie selon l'ordre dans lequel la mère et l'enfant sont décédés... Ceci me porte à croire que la portée sociétale (prise en compte du désir de deuil, etc.) des nouvelles dispositions adoptées cet été est sans doute moindre que leur portée patrimoniale.

Dernière chose enfin : d'une façon générale, je ne peux pas m'empêcher de sourire (amusé et non réprobateur) quand je tombe sur des religieux "branchés", curés ou moines surfeurs : certaines abbayes belges abritent de véritables pros, qui développent des jeux électroniques sur l'histoire de la Chrétienté, et un des grands copains de mon fils (le baptisé tardif), installé comme ermite au fin fond de la Calabre, reste en contact avec le monde entier via internet : je trouve ça à la fois incongru et réjouissant !

Aquinze