mardi 17 mars 2009

Humaniste et chrétien ?


Le commentaire laissé par Didier au billet précédent celui-ci me va droit au coeur :

Je vois les questionnements que vous lancez sur votre blog. Ils sont justes, légitimes, citoyens, humains, humaniste même. Comment faites-vous pour les vivre par rapport à votre sacerdoce? Il me semble qu'ils différent d'une orientation qui vous est imposée par votre choix de vie. Peut on critiquer la volonté du Pape ?

Didier, vous me faites rougir...

Voici une brève réponse aux questions que vous posez, si je l'inclus à un billet c'est qu'elle me permet de dire des choses qui me tiennent à cœur et qui concernent tout le monde :
  • Prêtre, citoyen, humaniste : ces mots ne sont pas contradictoires. L'une des grandes figures emblématiques de l'humanisme était, à l'époque de la Renaissance, Erasme : c'était également un homme d'une foi profonde. Plus près de nous, Jacques et Raïssa Maritain, Emmanuel Mounier, François Mauriac, Julien Green... et tant d'autres, sont très représentatifs d'un courant que l'on appelle à juste titre l'humanisme chrétien. Cet humanisme plonge ses racines dans l'Evangile, il est donc normal qu'il n'y ait pas de contradiction.
  • Comment les vivre par rapport au sacerdoce ? Un prêtre est un chrétien, donc un "humaniste"... Je suis prêtre, mais aussi électeur et donc citoyen, préoccupé du bien commun comme chacun doit l'être... Le christianisme social est un courant qui a une grande vigueur dans l'Eglise aujourd'hui et dans lequel je me reconnais à titre personnel.
  • Mon choix de vie signifie-t-il qu'une orientation me soit imposée ? Au jour de mon ordination, je me suis engagé à vivre dans le célibat, à prier quotidiennement et à obéir à l'évêque de Dijon. Nulle consigne ne m'est donnée dans ce blog. D'autre part, obéissance ne signifie pas absence d'esprit critique ni de liberté, mais plutôt confiance réciproque. L'Église est, depuis les origines, un lieu de débats - ce qui pose problème, à mon sens, n'est pas l'absence de débat, mais la manière dont le débat est mené. Elle n'est pas une armée totalitaire dans laquelle tout le monde pense pareil, mais un formidable lieu de liberté.
  • Enfin, on peut critiquer la volonté du pape, mais de toute façon je ne vois pas en quoi ce que j'écris relève d'une telle critique ?

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Après les thèmes : pédophilie , euthanasie , négationnisme , avortement; reste le thème sida à exploiter dans les médias .
Statistiquement il doit bien se trouver dans le monde un prêtre ou mieux un évêque (catho bien sûr ) excommuniant les utilisateurs de préservatif . MADO

Didier Guillion a dit…

Monsieur Pic,

Merci de votre réponse.
Elle va m'aider à réfléchir et à me poser de nouvelles questions.
Et j'adore cela.

Cordialement

Anonyme a dit…

à propos du sida, ça y est: c'est le Pape qui en a parlé! ils ont fait un patchwork avec quelques uns de ses mots pour caricaturer sa pensée...
ce qu'ils oublient malheureusement de dire, c'est qu'il y a un pays d'Afrique qui a prôné la fidélité (+abstinence avant le mariage) et qui a ainsi stoppé l'évolution du sida. Depuis, d'autres lui ont emboité le pas: "les Togolais voient depuis peu de nouveaux type de campagnes d’affichage : des slogans très directifs : « Un vrai homme sait attendre. Une vraie femme sait attendre et ne cède pas aux pressions ! » Un volet moral peu conforme au consensus international des professionnels dans la lutte contre le sida." selon un article; la fidélité reste le meilleur moyen d'éviter la diffusion du virus...

L'humanisme ne peut pas se résumer à des slogans faciles qui s'apitoient sur un cas et l'oublient le lendemain.
L'Eglise se préoccupe des personnes dans leur intégrité, et dans la durée. La vie sexuelle n'est pas limitée au sida, il y a la psychologie de chaque conjoint, les enfants, les solidarités familiales, qui nécessitent elles aussi un développement durable et moins de précarité.
Si on s'insurge contre le travail précaire, on ne devrait pas revendiquer une vie affective précaire...

Jérôme a dit…

Il est intéressant de critiquer quand la critique est constructive. Si les propos du pape soulève un débat, que ce débat ait lieu. Le pape n'ayant qu'une autorité spirituelle ne peut que donner son opinion sur un thème et à chacun de savoir s'il veut ou s'il faut retenir son appréciation sur le thème abordé, avec ses propres convictions. Le débat, quand il n'est pas stérile est source d'une grande richesse (d'ou l'intéret pour les grandes religions de communiquer entre elles, de montrer ses différences et points communs et non de s'affronter).

Anonyme a dit…

On regrette souvent l'image poussiéreuse véhiculée par le pape. Avec les propos qu'il a tenu en ce qui concerne le sida, les choses ne vont pas s'arranger. La modernité passe par une communication intelligente et le fait de ne pas renier totalement les avancés de la médecine, qui sont indispensables.