Retrouvé au cours d'un dîner l'autre soir, cet ami journaliste qui a participé au voyage en Algérie organisé par l'archevêque de Lyon et le président du CRCM de Rhône-Alpes.
Le point fort du voyage était bien sûr le passage à Tibhirine, là où, voici dix ans, sept moines ont été enlevés, puis assassinés, sans qu'on ait pu vraiment élucider les circonstances de ce drame (ni a fortiori retrouvé les coupables). Ce n'était pas rien de voir, côte à côte, prier devant les humbles tombes un cardinal et un dignitaire de l'Islam.
Mais le voyage avait d'autres enjeux : réaffirmer l'importance d'un dialogue inter-religieux dont on avait pu douter après les déclarations de Benoît XVI ; aller à la rencontre des Eglises d'Algérie, contraintes à une discrétion de plus en plus grande depuis la guerre civile qui n'en finit pas de finir là-bas. Dernier enjeu, et non le moindre du côté algérien : donner du gouvernement algérien, qui était devenu la puissance invitante dans une initiative à l'origine parfaitement privée, l'image d'un régime tolérant et accueillant.
Ce qui a beaucoup frappé François, c'est le dénument dans lequel vivent les communautés chrétiennes d'Algérie. Un tout petit nombre (cinq, six personnes ?) se retrouve pour célébrer la messe dans des salles anonymes. Je me souviens de Jean-Marie, cet autre ami prêtre aux confins du Sahara, m'expliquant qu'il y avait en tout et pour tout cinq chrétiens dans son immense paroisse : trois religieuses étrangères, une vieille dame française mariée à un Musulman et qui ne pratiquait pas pour ne pas gêner son mari, et lui-même...
Un dénument et une discrétion qui contrastent avec un phénomène nouveau : le développement, dans les régions les plus délaissées par le pouvoir, des Eglises évangéliques et baptistes. De nombreux jeunes (combien ? le sujet est tabou...) s'y convertissent au christianisme. Les accusations de sectarisme lancées à leur encontre n'y peuvent rien : comme partout dans le monde, ce sont ces Eglises-là qui sont les premières à annoncer l'Evangile.
Oubliées, ces Eglises ? Je laisse la parole à Jean-Marie : "
Des contacts ont pu être pris qui nous pousseront peut-être à sortir de l’ombre dans laquelle on s’était insensiblement glissé (non sans raisons) lors d’événements ou situations douloureuses.
On pourra plus difficilement faire comme si les catholiques n’existaient pas ou s’ils étaient aussi dangereux qu’on le dit encore souvent dans les écoles ou les mosquées…"
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