jeudi 5 mars 2009

Du bon usage des bons mots.


Ça y est : le petit auto-collant que je voyais affiché sur les descentes de gouttières dans les rues de Dijon a fini par fleurir, un peu avant l'arrivée du printemps, sur le panneau d'affichage de l'église.

"A bas toutes les religions". Bonne idée : comme ça, on évite de dire "mort aux Juifs", "les Arabes dehors". C'est plus tendance que "à bas la calotte", franchement daté, mais ça évoque les bons souvenirs de l'époque du petit père Combe. La citation de Bakounine donne un vernis intellectuel - elle pourrait évoquer aussi cette autre citation, du même auteur, qui ne prenait pas de gants, lui, pour parler des Juifs "peuple de sangsues assoiffé de sang". Elle fait l'impasse, tout de même, sur ce fait : les deux grands totalitarismes du XX° siècle ont été deux machines de guerre dirigées contre les religions, et contre l'une d'entre elles en particulier.

Bref. Le site de la fédération anarchiste, cité en référence, est curieusement bien discret sur la question. Moi, je me pose juste une question : qu'est-ce qu'on leur a fait, à ces gens-là ? Pourquoi sont-ils aussi oublieux -ignorants ? - de l'histoire ? Quel monde se proposent-ils de construire, puisqu'apparemment le liberté d'opinion n'y aura pas droit de cité ? Pourquoi sont-ils aussi désireux de se construire un adversaire qui n'existe pas en réalité ?

18 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai cru lire "à bas la culotte"...

Sur ce, peut-on accorder du crédit à des anarchistes qui s'organisent en fédération ? C'est quand même vachement hiérarchisée comme organisation sociale une fédération. Ensuite, des anarchistes qui veulent imposer autoritairement ce qui est bon pour nous... Bon tout ça fait preuve d'une inculture politique crasse...


Ceci dit je remarque que vous êtes intégristes dans votre lecture de Bakounine :P

Et enfin "les Arabes dehors" n'est pas anti-religieux parce que la religion musulmane ne fait pas partie de l'ethnogenèse arabe : tous les Arabes ne sont pas musulmans (il y a beaucoup de Chrétiens), tous les Musulmans ne sont pas arabes (il y a aussi des Turcs, des Iraniens, des Malais...). ;)

Anonyme a dit…

Pourquoi ne peut-on pas porter plainte pour antisémitisme contre ces gens là?
la religion juive est bien inclue dans "toutes les religions"!

Et aussi pour incitation à l'islamophobie.

Et aussi... mais il n'y a pas de loi contre l'anti-christianisme?
Pourquoi, au fait? Nous manque-t-il un génocide?
Combien de millions de morts chrétiens faudra-t-il pour qu'une telle loi soit promulguée?

Les totalitarismes athées du XXème siècle ont déjà fait environ 300 millions de victimes (gouvernements communistes principalement, mais sans compter le Cambodge, que les historiens n'arrivent pas à chiffrer parce qu'ils découvrent toujours de nouveaux charniers)

Et combien de milliards de morts et de malheureux pour enfin comprendre que ce n'est pas par la violence et la haine qu'on pourra construire un monde de paix!
Mais par l'amour.

(Dieu, lui, est Amour...)

Anonyme a dit…

Permets moi d'être en profond désaccord avec toi. Pourquoi est-ce qu'il faudrait essayer de comprendre les extrémistes religieux en les acceptant dans l'Eglise ; et mépriser les extrémistes anti-religion, au point de leur refuser d'exister. Je ne me retrouve dans aucun de ces deux courants et dès que j'en ai l'occasion, je critique les uns et les autres. Mais je ne comprends pas bien pourquoi il faudrait vouer une telle haine aux anarchistes et leur prêter des idées antisémites ou racistes.
Quant aux citations du XIXème, tu sais bien qu'on peut trouver aussi beaucoup de propos antisémites chez des cathos de cette époque (et m^me beaucoup plus tard malheureusement)

Pinpin a dit…

Je n'ai pas grand chose contre les anars, ils sont dans leur rôle de "destructeurs" peu crédibles et pas très dangereux ne serait-ce que par le fait qu'ils s'organisent ce qui est à l'opposé de leur "doctrine". Mais pour répondre à Olid qu'ils aillent néanmoins placarder leur affiche sur la mosquée proche et la synagogue pas loin non plus, rien que pour voir !!!

Emmanuel Pic a dit…

Premièrement : je n'essaye pas d'accepter dans l'Eglise les extrémismes religieux, j'essaye de comprendre le pourquoi des phénomènes fondamentalistes et traditionalistes, ce qui n'est pas pareil. Confondre fondamentalistes et extrémistes, c'est comme crier "CRS=SS". Avant de condamner, mieux vaut essayer de comprendre. Les extrémistes religieux, je les déteste et je n'ai pas honte de le dire.
Deuxièmement : avec ce tract, on n'est pas dans le dialogue, on est dans l'invective, voire dans l'insulte, et de toute façon dans l'ignorance crasse. Ceux qui affichent ce genre de choses cherchent à attiser la haine et la violence en déformant la réalité. Je regrette, la religion n'est pas une folie collective. Je préfère la campagne anglaise qui dit que Dieu n'existe sans doute pas...
Et pour conclure, deux références : l'une, récente, le discours de Richard Prasquier (président du CRIF) qui fait allusion aux collusions entre l'extrême-gauche et l'antisémitisme. L'autre est plus ancienne mais classique : il s'agit de l'ouvrage de Hannah Arendt sur les origines du totalitarisme, et particulièrement la première partie qui concerne l'antisémitisme, très éclairante sur la distinction que l'on doit absolument opérer entre antijudaïsme chrétien et antisémitisme.

Anonyme a dit…

"le discours de Richard Prasquier (président du CRIF) qui fait allusion aux collusions entre l'extrême-gauche et l'antisémitisme" > deux remarques.

Premièrement, l'extrême-gauche est taxée autant d'antisémitisme que de pro-sémitisme et là on peut en référer aux propos de Lepen rapportés par Christophe Barbier sur son blog où il parle de l'utilisation du Yiddish à la direction de la LCR. Tous les arguments sont bons pour dénoncer l'extrême-gauche, mais aussi bien ceux de Lepen que ceux de Pasquier ne reposent pas sur une critique de la pensée extrême-gauchiste mais sur une réduction à des poncifs qui ne devraient plus avoir cours aujourd'hui (bouh ! ce sont des juifs ou bouh ! ce sont des antisémites, c'est pas une pensée raisonnée ça)

Deuxièmement, l'anarchisme ce n'est pas l'extrême gauche. L'exemple du Soviétisme nous montre que l'extrême-gauche peut avoir une vision sociétale très structurée et très autoritaire. Au contraire, il y a des mouvements anarchistes chrétiens, des mouvements anarchistes libéraux économiquement parlant, des mouvements anarchistes d'extrême-droite... (Bon il se trouve que la fédération anarchiste semble d'inspiration marxiste, et donc là il n'y a pas de doute sur sa position à l'extrême gauche, mais c'est pour dire...)

Anonyme a dit…

Tous ces commentaires m'invitent à relire Humanisme et terreur de M.Merleau-Ponty...

Anonyme a dit…

Emmanuel : "Premièrement : je n'essaye pas d'accepter dans l'Eglise les extrémismes religieux, j'essaye de comprendre le pourquoi des phénomènes fondamentalistes et traditionalistes, ce qui n'est pas pareil."
Je suis d'accord, mais c'est justement ce que je reproche : d'un côté, on essaie de comprendre et de l'autre, on n'essaie pas et on se place sur le plan des idées. Mais pourquoi pour les anars, tu t'attaques directement à ce qu'ils disent avant d'essayer de comprendre leur mouvement. Des anars, il y en a des très sympas, avec qui tu t'entendrais très bien. Et cela même s'ils ont des idées simplistes. Et cela même s'ils ont des idées qui, si elles se transformaient dans les faits seraient dangereuses !
Mais si pour ce fondamentalisme là, tu en restes aussi au niveau de la compréhension, tu verras facilement qu'ils vomissent leurs insultes par dégoût des injustices et de ceux qui se servent de la religion pour rester dans un conservatisme qui leur est insupportable. Bien sûr que leurs conclusions sont débiles, ce n'est pas ça que je remets en cause !

Emmanuel : "Confondre fondamentalistes et extrémistes, c'est comme crier "CRS=SS"."
D'accord, j'ai crié CRS=SS. Mes excuses aux CRS, mais ça n'enlève rien à mes propos.

emmanuel : "avec ce tract, on n'est pas dans le dialogue, on est dans l'invective, voire dans l'insulte"
Tout-à-fait d'accord, mais les intégristes non plus ne sont pas dans le dialogue. Et ça ne t'empêche pas de dire qu'il faut essayer de les comprendre. Alors comprenons tout le monde ou discutons les idées de tout le monde, mais passons les fondamentalismes pro ou anti religions dans les mêmes moulinettes.

Didier Guillion a dit…

Bonsoir,

J'aime beaucoup votre blog car j'y trouve plus d'Humanisme que de Christianisme.
Résolument athée, je suis cependant très attentif aux opinions des personnes qui ne le sont pas. Ne serait ce que pour essayer de comprendre pourquoi tant de dérives dans ce monde ce font sous l'étiquette de la religion.
Vous parlez des désastres du Totalitarisme du siècle dernier. Je suppose que vous visez Mao et Staline ?
Mais, n'était ce pas aussi une autre forme de religion, un culte de la personne poussé à une extrémité telle que cela en devenait aussi une religion : ne plus pouvoir penser par soit même mais uniquement selon le moule d'un dogme ?
Bien sur, comme vous, je condamne cet auto-collant haineux. Mais arrêtons de classifier l' homme selon des groupes, Politique, Racial ou Religieux, essayons de lui rendre son identité, son individualité, et sa libre pensée.
Je trouve que vous allez dans le bon sens. Et je suis heureux de partager les vues de quelqu'un qui n'a pas les mêmes doutes et convictions que moi.
Continuez. Ce sera toujours un plaisir de vous lire.

Cordialement

Anonyme a dit…

Il me semble que l'on doit distinguer entre les intégristes et l'intégrisme, comme entre une personne anarchiste et un mouvement ou une idéologie qui prône l'anarchisme avec des méthodes précises.

il y a souvent, dans ce genre de discussion, un amalgame entre les personnes et les orientations.
Alors dès qu'on critique l'orientation, on se fait taxer d'exclure des personnes,
et dès qu'on essaye de comprendre des personnes, on passe pour complice de leur déviation.

L'intégrisme est une sclérose de la liberté, souvent, je crois, due à des peurs; Je crois qu'on peut être largement d'accord pour le rejeter, qu'il s'appelle fondamentalisme religieux, intégrisme anarchiste, totalitarisme marxiste ou nazi, ...mais aussi, intégrisme écologiste ou intégrisme laïciste.
Qui est sûr d'être blanc de tout intégrisme!?

Pourtant, on sent bien qu'il n'est pas juste de haïr les personnes!
Qu'elles érigent, subissent, ou choisissent ces orientations, selon les cas, elles méritent qu'on les écoute: besoin de sécurité judiciaire? besoin de sécurité dans le travail? de liberté dans sa vie privée? de liberté d'entreprise? de liberté de culte? de liberté de non-culte? ce qui divise est peut-être très ténu!

Exclure les uns ou les autres est une impasse comme les murs d'ici ou là.
Les solutions viendront plus du dialogue que de la critique...

Ce qui limite, c'est la volonté de dialoguer des uns ou des autres.
Et là, souvent, on est impuissant.
Il ne reste plus, alors, que la prière, ou la bienveillance obstinée.

Anonyme a dit…

C'est CombeS avec un S.

Et cette tournure de phrase est choquante : "les deux grands totalitarismes du XX° siècle ont été deux machines de guerre dirigées contre les religions, et contre l'une d'entre elles en particulier." car cela laisse à supposer que le communisme a persécuté plus les Juifs que les chrétiens alors que de toutes les religions, la juive a été la moins persécutée (et pour cause...) en URSS...

Anonyme a dit…

je crois qu'il y a des gens qui ont besoin d'être "contre". Rien ne leur va et surtout pas le/les systèmes en place. il faut être "contre". Proposez autre chose? Vous n'y pensez pas! Ce serait rentrer dans le système: et eux, ils sont contre.

Anonyme a dit…

Élie Wiesel montre dans son livre "Tous les fleuves vont à la mer" que les juifs étaient bien persécutés derrière le rideau de fer au même titre que les chrétiens, et également, que quand l'armée rouge est entrée à Auschwitz (il y était) elle n'a rien fait pour libérer les prisonniers juifs mais elle a laissé les nazis les emmener avec eux dans leur fuite en Allemagne. Beaucoup de juifs étaient encore en vie à Auschwitz, presque aucun n'a survécu à cette marche forcée.
Il montre par là et par quelques autres exemples (après des années de recherches minutieuses) que les communistes ont eu à l'égard des juifs presque la même attitude que les nazis. Son témoignage est étonnant, mais il y était, il y a perdu ses parents et sa petite sœur, puis il est devenu journaliste et a remporté le prix Nobel de la paix. On peut le croire.
J'ai compris grâce à lui ce qu'étaient, en profondeur, la Shoah ...et le négationnisme.
Et il a cette particularité d'étendre sa sensibilité à toute forme de persécution et de violation de liberté, sans se limiter à ce qu'il a vécu. C'est très instructif.

Anonyme a dit…

Wiesel ? Ce n'est pas du tout une source crédible, cetains juifs l'accusent même d'avoir usurpé l'identité de Lazare Wiesel et de n'avoir jamais été déporté... Wiesel c'est un homme qui prétend avoir survécu à une chute de 90 mètres de haut. Wiesel c'est aussi celui qui a dit que C'EST DE LEUR PLEIN GRE que lui et son père ont suivi les nazis en 1945 plutôt que d'attendre les Russes...

Les Juifs n'ont JAMAIS été persécuté en URSS en tant que juifs, et pour cause : l'immense majorité des dirigeants des services répressifs de l'URSS étaient juifs. A commencer par un certain Martin Gray, officier du NKVD employé au Goulag...

Emmanuel Pic a dit…

@koopa troopa : ce n'est pas sans hésitations que je publie ce dernier commentaire... qui frise le négationnisme.

Pinpin a dit…

koopa tropa est-il lui une source crédible, qu'il nous montre ses œuvres !
Au delà de cela, l'être humain est de toutes façons capable de réaliser de tels atrocités, c'est là où réside sa liberté et son choix (de ne pas le faire)... voir l'expérience de Milgram en psycho ou "re"lire La mort est mon métier de Merle, entre autres.

Anonyme a dit…

je pense que tu aurais pu en effet zapper ce commentaire qui est bien plus haineux que le tract qui a ouvert cette discussion et qui n'a vraiment rien à voir avec le sujet initial !

Anonyme a dit…

Comment peut-on suivre les nazis de son plein gré de Auschwitz à Buchenwald pour y mourir? ...surtout sans y avoir jamais été déporté?

En fait, ils ont suivi les nazis parce qu'ils avaient supposé que ceux qui resteraient à l'infirmerie parce que trop faibles pour partir seraient tués par les nazis au moment du départ, or il se trouve que ce ne fut pas le cas... le père d'Elie Wiesel aurait pu être sauvé s'il y était resté.

Sinon, pour connaître le sort des juifs derrière le rideau de fer, on peut aussi lire "La shoah par balles", sorti récemment, qui fait état d'un nombre de victimes comparable à celui des camps d'extermination. Les témoins (dans les villages des pays de l'Est) n'en ont jamais spécialement parlé parce qu'ils n'avaient pas imaginé que personne ne le savait!